L'excision (ou clitoridectomie) est la pratique
rituelle qui consiste, chez la
femme,
en l'ablation de la partie externe du
clitoris (les racines internes restent intactes, ce qui fait
que l'excision n'est pas irréversible) et des
petites lèvres.
Étendue
Géographiquement, la pratique se rencontre en de nombreuses
parties du monde, mais elle est plus courante en
Afrique et dans certaines parties de l'Asie
du Sud Est. Cette large aire de répartition explique sans
doute aussi une large gamme de pratiques qui relèvent de
l'excision. En effet, au-delà de l'ablation totale des organes
génitaux externes, on rencontre également :
- une ablation du
clitoris seul
- des ablations partielles
- la suture des petites lèvres ou
infibulation (le plus souvent, pour préserver la
virginité d'une petite fille ; l'opération est alors ensuite
complétée à l'adolescence par une excision véritable ou peut
être renversée par un parent ou le mari lors du mariage)
- des pratiques chirurgicales visant à la création de
tissus cicatriciels, le gratage de l'orifice
vaginal ou l'incision du
vagin
- l'introduction de substances corrosives ou abrasives
dans le but de provoquer un resserrement du
vagin
- l'introcision (pratiquée par les aborigènes
Pitta-Patta d'Australie et les
Conibos, branche des indiens Panos, au Pérou) qui
consiste à élargir l'orifice vaginal avec une lame en
pierre.
Pour ou contre
L'excision est généralement défendue sur la base de :
- la préservation de la
virginité (considérée comme un idéal féminin au
mariage),
- l'amélioration du plaisir sexuel masculin (par le
rétrécissement du vagin ou de l'orifice vaginal)
- la protection contre le désir féminin (considéré comme
malsain par les partisans de l'excision),
- raisons "hygiéniques",
- raisons "esthétiques",
- patrimoine culturel ou traditionnel, initiation à
l'état de femme
- raisons religieuses (certaines communautés musulmanes
pensent que l'excision fait partie de l'Islam,
alors que la pratique est largement antérieure)
Dans de nombreux cas, on observe que les mères des jeunes
filles participent activement dans le but "d'améliorer les
chances de leur fille de faire un mariage convenable".
Les opposants à l'excision en appellent au respect de la
femme. En effet, l'excision est largement vue (même par certains
de ses défenseurs) comme un moyen de limiter l'accès de la femme
au plaisir
sexuel. De plus c’est une véritable mutilation et une
atteinte à l’intégrité physique et morale de la victime. La
plupart des opposants sont particulièrement sensibles :
- aux risques encourus par la petite fille lors
d'excisions dans des conditions d'hygiène parfois
insuffisante (pouvant aller jusqu'à la mort suite à une
infection)
- aux risques augmentés en matière de
maladies sexuellement transmissibles, de susceptibilité
augmentée aux affectations plus ou moins graves comme les
kystes, les
abcès, les infections de l'urètre,
etc.
- au handicap sexuel ainsi imposé (plaisir sexuel interdit
ou fortement limité)
L'excision et la loi
La plupart des pays
démocratiques interdisent formellement l'excision au nom du
respect des
Droits de l'Homme, du respect de la personne humaine et de
la protection de l'enfance. Ainsi, un peu partout en
Europe, des coupables d'excision sont régulièrement envoyés
en
prison par les tribunaux. De nombreux pays africains
s'efforcent également de faire disparaître cette coutume (comme
le
Burkina Faso qui pratique simultanément l'information, la
sensiblisation et la condamnation judiciaire).
En France, L'excision, constitue une atteinte à la personne
et est punie de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros
d’amende, de plus une interdiction du territoire d’une durée de
cinq ans peut être prononcée. Art 222-9 et 222-47 du
Code pénal.
Toutefois, certains pays (au-delà des interdictions
formelles) tolèrent cette pratique. Quelques uns acceptent
l'excision au nom du droit à des pratiques traditionnelles. Par
exemple, le
Bénin
n'a pas de loi spécifique sur le sujet, malgré une prévalence
évaluée à 50% des femmes du pays.
Au niveau mondial
On considère qu'environ 130 millions de femmes ont subit une
excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de
fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous
les ans.
La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes
de l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS).
L'infibulation
L'infibulation est la suture d'une grande partie des petites lèvres de la vulve, ne laissant qu'une petite ouverture pour que l'urine et les menstruations puisse s'écouler.
Elle est habituellement pratiquée sur une adolescente prépubère dans le but de lui empêcher tout rapport sexuel vaginal. C'est notamment le cas dans les populations des pays d'Afrique en bordure du sud du Sahara, où elle est souvent pratiquée avec l'excision, c'est-à-dire l'ablation du clitoris et éventuellement des petites lèvres. La suture est coupée au moment du mariage.
Liens externes